12 Déc 2010

Évolution des usages sur Internet

Posté par Wilkins

J’avais envie de faire un petit parallèle entre le moment où je me suis installé sur internet (1997), et maintenant. Loin de moi l’idée de faire du « c’était mieux avant », mais je me suis dit que ça pourrait être intéressant de voir ce qui a changé, et d’essayer de comprendre pourquoi…

Discussions en lignes

Les newsgroups Usenet ont été désertés par les internautes qui discutent pour être remplacés par les internautes qui échangent des fichiers, les internautes qui veulent discuter sont sur des forums web.

Les chats IRC grand publics ont disparus, maintenant c’est « retrouvez nous sur Facebook ou Twitter ». Seuls les libristes et ceux qui utilisaient IRC  il y a 10 ans les utilisent encore aujourd’hui semble-t-il… Et donc la proportion par rapport au nombre d’internautes semble avoir dramatiquement diminué.

Les chats type Caramail, MultiMania ont disparus, et n’ont pas été remplacés. Les internautes sont passés sur des plateformes type ICQ, MSN Messenger, AOL Instant Messenger ou Yahoo! Instant Messenger. On ne « rencontre » plus d’utilisateurs par hasard par Internet. On ne côtoie que ceux qu’on connaît, ou leurs connaissances.

Pour rencontrer des gens, c’est désormais sur Meetic, quasi exclusivement, et uniquement pour une relation amoureuse ou sexuelle.

Prise de parole, liberté d’expression

Une plus grande proportion de sites sont maintenant des sites officiels, ce qui est bien car on peut désormais trouver plus d’information officielle en ligne (horaires, catalogues, information publique citoyenne, contacts etc). Mais l’intérêt au regard de la liberté d’expression reste limité.

Les « sites persos », ont laissé la place aux blogs, car les outils (WordPress, Dotclear, SPIP, Joomla, blogspot, blogger etc) permettent d’avoir un site/blog et de la tenir à jour sans maîtriser la technique. Il n’y a plus besoin de « savoir faire un site », il suffit juste de « savoir quoi dire ». Ce qui est un pas énorme pour la liberté d’expression et la diffusion des opinions.

Les pages Skyblog, Facebook et Myspace restent un premier pas pour faire sa place sur la toile. Alors qu’avant c’était le cas sur Multimania, iFrance, Chez.com, Wanadoo, Voila etc, ce qui reste assez similaire. Les limites de ces outils poussent les utilisateurs qui en veulent plus à voler de leur propres ailes vers de plateforme comme WordPress.com ou Blogger ou encore d’acheter un nom de domaine et d’avoir un blog hébergé.

La possibilité aux internautes d’interagir avec le contenu (publication, commentaires, envoi de photo ou vidéo) a été largement adoptée. Cela nécessite un temps d’apprentissage et d’adaptation, mais les digital natives n’accepteront jamais un retour en arrière.

Domaines et URLs

Avant les internautes prenaient des alias en domaine.fr.fm ou domaine.fr.st ou des redirections de chez Yahoo! : go.to/monsite. Maintenant avec la baisse du prix des noms de domaine, et la démocratisation du paiement en ligne beaucoup d’internautes ont acheté leur nom de domaine.

La plupart des sites officiels (ex: journaux en ligne), des blogs, des outils en ligne, etc utilisent des URLs intelligibles. Fini les /article.php?id_article=10 mais on a /2010/11/20/nom-de-l-article. Et évidemment fini les index2.html, index3.html avec la multiplication des langages dynamiques. Alors que cette lecture facile est très agréable pour l’humain (on sait sur quoi on va cliquer quand on voit le lien), cette évolution s’est faite à cause de Google. Pour être bien référencé, les sites ont fait des efforts pour que les urls soient le mieux référençables possible. Tant mieux !

Paradoxalement, cette hégémonie de Google a rendu l’usage des « liens amis » assez marginal. Il y a 10 ans, tous les sites avaient une page « liens » pour lister les différents sites qui pouvaient être en rapport, ou dignes d’intérêt, ou les sites des nos proches. Ce qui se faisait souvent par un « échange de lien ». Avec la présence de Google, ces liens sont de plus en plus oubliés. Tout le monde passant par Google, si Google connaît, ça suffira, pas besoin de mettre un lien vers un site qu’on aime bien. Alors que c’est tout à fait faux. Si 2000 sites vous citent, vous serez d’autant mieux référencé.

L’utilisation des « shorts URLs » est de plus en plus utilisé, notamment sur Twitter (à cause de la limite de 140 caractères). C’est selon moi dramatique. Alors que les sites ont maintenant des noms de domaine intelligibles (ex: http://la-cuisine-ludique.com au lieu de http://perso.wanadoo.fr/josiane/ ) et des URLs intelligibles (ex: /2010/12/25/recette-dinde-aux-marrons au lieu de /page4.html ), les internautes s’obstinent à diffuser des liens qui obscurcissent la destination du lien. Ce qui est très dommage.

Les recommandations du W3C préconisent « Cool URIs don’t change« . C’est rarement le cas avec l’évolution des hébergeurs, des fournisseurs et des internautes. La multiplication des URLs intelligibles permettra peut-être de faire de cette recommandation une réalité.

La publicité

Les publicités omniprésentes sur les sites persos auparavant semblent avoir plutôt disparu. Je suppose que c’est parce que les offres de bannière (1 clic = 1 Franc) ont disparu également. Après qu’ils se soient rendus compte que 1 visiteur = 1 acheteur n’est pas vrai.

D’un autre côté les publicités se sont inclues partout ailleurs, dans les moteurs de recherche (en texte), partout dans un site (bannière horizontale, verticale, annonces textuelles Google Adsense), en remplaçant tout l’habillage du site, en étant vraiment animées (en flash, en fonction de la souris ou en vidéo), avant une vidéo (Youtube ou bande annonce de film), au point que certains ont développés des masqueurs de bannière dans les navigateurs (AdBlock Plus).

Pire la publicité est devenue ciblée et nous trace au sein de grands groupements tentaculaires, notamment via Google (recherche, Gmail, Google News, Blogspot, DoubleClick, Youtube), rendant les publicités particulièrement intrusives.

L’e-mail

Les chain-mails semblent avoir ENFIN disparus (ou presque). Et c’est un grand soulagement. Ou alors ils passent dans les filtres de spam des fournisseurs de mail.

Le nombre de spam/scam a été multiplié par… beaucoup. Au point que les internautes se satisfont de ne pas retrouver leur vrai mail qui leur était destiné. Ce qui au final est préoccupant, et renvoi à l’analogie de la concierge.

Les adresses mails des internautes ont beaucoup changé. Les @ifrance.com, @multimania.com, @caramail.com, @email.com ont été remplacé par @yahoo.com @gmail.com, @live.com. On peut imaginer que ces adresses là disparaîtront elles aussi un jour.

Les internautes ont de plus en plus une adresse nominative. Les bobby312@hotmail.com laissent leur place à robert.dumont@gmail.com. C’est plutôt une bonne chose. L’internet reflète maintenant mieux la société physique.

Échange de fichiers soumis au droit d’auteur

Autrefois réservé aux initiés : souvent compliqué, parfois caché, malgré des mp3.com… il est désormais complètement public et très simplifié avec des supernova.com, megaupload.com, rapidshare.com, giganews.com, et même devenu payant.
Ce qui est un comble. Au lieu de payer des films, des musiques ou des jeux, l’internaute va préférer payer un forfait pour avoir une quantité illimité de ce qu’il souhaite, tant qu’il a la facilité. De quoi laisser les majors et « ayants droits » réfléchir sérieusement. Visiblement ce n’est pas qu’une question de gratuité.

Conclusion

Bien entendu ce n’est qu’une partie de ce qu’on pourrait dire, et cela reste ma vision des choses. Cependant on remarque des évolutions des usages et du public… autant parmi le public qui créé que parmi le public qui lit. Parfois dans le bon sens : avec la multiplication des blogs des internautes qui ont quelque chose à dire, parfois non avec la multiplication de la publicité intrusive. Enfin certains usages ont migré (emails utilisateurs, page skyblog), sans être réellement différents. Comme quoi les utilisateurs sont très volatiles, et suivent volontiers le changement.

À suivre…

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