20 Sep 2010

Lettre ouverte à madame Marland-Militello

Posté par Wilkins

Bonjour madame Marland-Militello,

Je m’adresse à vous dans cette lettre ouverte afin de réagir à votre communiqué.
En effet, plusieurs points m’ont gêné et il m’a paru nécessaire de le faire remarquer.

Tout d’abord et c’est simplement anecdotique mais pas vraiment dans la logique de communication d’un député : vous insérez sur votre blog une image qui dit à l’heure où j’écris ces mots « Pirater tue les artistes et tous les métiers du cinéma, de la musique et du jeu vidéo ». Or à ma connaissance aucun artiste, acteur ou même producteur n’a été tué par l’invention de l’Internet, ni même par la copie de CD ou de K7 audio avant l’avènement de l’Internet.
Mais je conçois tout à fait que le pirate est une atteinte au droit d’auteur et que pour cette raison le gouvernement ait la volonté de voter une loi pour limiter cette pratique (et ce bien qu’il existe déjà des lois pour cela).
Il n’en reste pas moins que ce n’est pas aux députés élus par les citoyens de promouvoir sur leur site une image vraissemblablement créée par une société de gestion de droits d’auteur. Cela est dit.

Mais le vrai point de ce billet, c’est celui auquel j’aimerai que vous prêtiez le plus attention, c’est la manière citoyenne dont de nombreuses personnes à travers la France ont réagit (dont probablement aussi au sein de votre circonscription).
En effet, aucune manifestation bloquant les transports en commun n’a été lancée, et aucun dérapage de manifestation, ni de cassage de vitrine n’a eu lieu au cours des débats sur la loi Hadopi. Non. Les citoyens qui n’étaient pas d’accord avec ce projet de loi ont écrit à leurs députés (au point que ceux-ci se plaignent jusque dans l’Assemblée Nationale), ils ont regardé attentivement les séances et les débats sur le site Internet de l’Assemblée Nationale, certains ont même été suivre les débats dans les places publiques de l’hemicycle.

On pourrait voir ceci comme un beau mouvement démocratique : que tant de citoyens passent par des recours humains, républicains et législatifs pour montrer leur désaccord avec ce projet de loi… Mais non le gouvernement, le groupe UMP de l’Assemblée Nationale (dont vous-même) n’y voyez que des « pirates » qui se mobilisent pour continuer à pirater.

En fait, la plupart des personnes avec qui j’ai parlé du projet de loi Hadopi, sont en fait des informaticiens. Ils ne critiquent pas du tout le projet sur le fait de protéger les droits d’auteurs, mais sur les méthodes et le peu de connaissances techniques de ceux qui ont conçu et poussé la loi.
Je dirais « chacun son boulot », mais avant de légiférer sur un sujet, il est bon soit de se renseigner, soit de s’entourer de personnes compétentes en la matière et visiblement cela n’a malheureusement pas été le cas…
Tout ceci est très technique, mais j’ai essayé de trouver une comparaison non informaticienne.

Imaginez que vous, en tant que députée des Alpes-Maritimes souhaitiez faire un pont suspendu pour relier Nice à Calvi (en Corse), pour faciliter l’accès en voiture à l’Île de Beauté.

Je crois qu’une grande majorité des gens du monde du BTP vous dirait que c’est une très mauvaise idée… et c’est un euphémisme. Sauf peut-être les marchands de ciment qui vous auraient aidé à rédiger le projet…

Et bien c’est ce qui s’est passé avec la loi Hadopi. Les citoyens ont alerté leurs députés car le projet est bancal, et pas conçu pour être ni réaliste, ni applicable. Et on le voit d’ailleurs aujourd’hui. Ça fait maintenant un an et demi que « les premiers e-mails vont partir le mois prochain ». Car la réflexion qui a été utilisée pour imaginer cette loi n’est pas adapté au monde numérique, ni au réseau mondiale qu’est Internet. C’est ce que certains appellent La Quadrature du Net. Vous devriez aller voir ce qu’ils font…

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